dramaturgie
ricci/forte
coach physique
Piersten Leirom et Nina Negri
création sonore
Stephan Pisani
direction technique
Danilo Quattrociocchi
assistante à la mise en scène
Liliana Laera
mise en scène
Stefano Ricci
Charlotte Avias
Thomas Couppey
Anaïs Defay
Suzanne Dubois
Myriam Jarmache
Antoine Maitrias
Simon Peretti
Léo Ricordel
Eléna Sandoz
Eliakim Sénégas-Lajus
Partant de la rencontre entre l’univers visionnaire de Frank Wedekind et celui, poétique, de ricci/forte, l’on réalisera un atelier qui – en suivant les périmètres de l’une des plus fascinantes et controversées pièces allemandes du début du vingtième siècle, L’ÉVEIL DU PRINTEMPS (tragédie enfantine), et à travers une élaboration métaphorique de ce conte cruel sur l’adolescence – mettra l’accent sur notre pays, pris en tenaille entre espoir et instincts brutaux, où l’éthique ne s’accorde jamais avec la dictature féroce d’un destin insurmontable ; et où les relations humaines (même biaisées par l’obsession de l’argent et de l’apparence) trouvent la dignité d’exister dans l’opiniâtreté qui les distingue.
En ces temps sombres de perte de l’imagination, avec une ironie mordante et une impudence mozartienne, nous raconterons le « côté nocturne » de la réalité d’aujourd’hui. Un voyage dans la lande de la solitude de l’homme moderne en constante évolution, à cheval entre avenir et globalisation inévitable qui frappent avec toujours plus d’insistance à sa porte. Nous parlerons de nous-mêmes, du sentiment de vide d’une XXIème Génération qui lacère son propre cœur afin de combler ce gouffre d’indifférence collective qui s’élargit manifestement. Nous raconterons des images, des fragments, avant de raconter des histoires. Nous raconterons des souvenirs, des émotions. Dans la brume de l’indifférence caractérisant notre ère planétaire, tels des fantômes inquiétants, tout à coup, apparaîtront nos destins et nos vies qui sont aussi ceux de contemporaines et ingénues Wendla Bergmann, de timides Moritz Stiefel, de braves Melchior Gabor, de médiocres Ernst Röbel et de narcissiques Hänschen Rilov, qui nous effleurent chaquejour dans le métro, à nos côtés sur les bancs de l’école ou dans la queue du supermarché.
Il n’est pas étonnant que dans L’Éveil du printemps le mot Vie (avec une majuscule) aura de multiples résonances : la vie qui blesse ; la vie qui trahit ; la vie qui observe ; la vie que l’on vit ; la vie qui renaît de ses promesses ; la vie comme un spectacle grotesque ; la souffrance et la joie que la vie coûte, l’exaltation et les humiliations qu’elle peut offrir : « Tu ne me connaîtras pas, si tu ne m’accordes pas ta confiance », dit l’homme masqué à Moritz dans l’une des dernières scènes de la pièce. Et avec la Vie, les peurs, les besoins, les angoisses, les pressions, les souffrances, les nombreuses questions sans réponses que se posent les enfants – suspendus dans le doute d’Hamlet entre l’être et le non-être – lorsqu’ils s’éloignent du monde de l’enfance (et, par conséquent, de la soumission à l’environnement très souvent faillible et obtus de la famille, de l’école, de la société et leur façade de moralité), dans leur cheminement à la découverte de nouvelles expériences, connaissances et horizons : » Qu’est-ce que cela signifie de devenir adulte ? « . » Pourquoi tout va-t-il toujours de travers ? « . » Qu’y a-t-il de plus effrayant pour moi ? « . » Que sont le corps, la sexualité ? « . » Pourquoi le monde continue-t-il d’avancer ? ”. “ Où se trouve le frein ? « . » Möchte doch wissen, wir eigentlich wozu sind auf der Welt! (J’aimerais pourtant savoir pourquoi, au juste, sommes-nous dans ce monde ?) ”, demande Melchior à Moritz lors de leur première rencontre.
Percevoir la diversité, la complexité de l’existence qui se recompose dans ses turbulences, pour accepter les images dans la langue des rêves qui suggère le cycle des saisons : du printemps (l’éveil de l’Eros sous toutes ses formes, l’attente, les espérances) jusqu’à l’hiver (la régression, le déclin, les obsessions, la ruine, la mort). Un autre mauvais coup de la Vie qui, une fois encore distribue la cruauté, donne et reprend tel le caprice d’un dieu de la mer. Rien n’est jamais acquis. En brisant les tabous et les identités, en superposant le blanc et le noir, le masculin et le féminin, dans et autour de ces créatures troublées, nous allons jouer la variété des mondes, les relations combinatoires qui mêlent la compassion et la douleur dans un mélange cru, ambigu.
L’on rit, l’on souffre, l’on s’élève et l’on s’écrase sur le sol, tous ensemble, sans répit. Pas de catharsis !
Ainsi, le download est lancé : quel sera alors le pourcentage de mensonges, de caresses, de promesses que nous devrons ingurgiter pour donner l’illusion d’être tout à fait « éveillés » et bien vivants ?